Page 36 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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Charles et gagna vraisemblablement le titre ducal, ce qui suppose une autorité touchant aux pays éduen et lingon. Dans l’imbrication toujours du politique et du religieux, en 813, Chalon accueillit l’un des cinq grands conciles réformateurs décidés par l’empereur Charlemagne ; les pères débattirent plus particulièrement de l’administration des sacrements et de la lutte contre les cupidités qui se répandaient partout, l’un des deux capitulaires promulgués à Aix-la-Chapelle en septembre est la synthèse des canons énoncés dans les réunions conciliaires.
Cette proximité des pouvoirs exposait, entre autres périls, à celui de mettre les biens ecclésiastiques aux mains des laïcs. L’usage était courant de récompenser les « bons services » par l’attribution de domaines souvent pris sur des communautés religieuses. C’est ainsi que l’abbaye de Saint-Cosme, établie autour d’une église cimétériale à la fin du VIe siècle ou au début du VIIe, fut attribuée à un « Amédée », probablement celui qui exerçait les fonctions comtales dans les pays de Langres et de Dijon entre 814 et 828. Semblablement, et dans les mêmes années, celle de Saint-Marcel échut au comte Guérin, dont l’émergence se produisit selon un schéma comparable à celui juste vu ci-dessus.
En effet, la qualité ducale lui fut reconnue comme elle l’avait été en faveur d’Alard et Guérin fut de même appelé à un rôle essentiel. La famille des Garinides était alliée à celle des Alard par les femmes. Guérin V, qui nous intéresse ici, était titulaire des comtés de Mâcon (825), Chalon (835), aussi d’Auxois, Duesmois, Mesmontois, et il pouvait, par son mariage, espérer des droits sur celui d’Autun. Il fut de toutes les péripéties qui émaillèrent les dernières années puis la succession de Louis le Pieux. En 834, Lothaire Ier assiégea Chalon, les faubourgs brûlèrent, la ville capitula après 5 jours, ce qui n’évita pas pillages et incendies, dont celui de la cathédrale ; l’oratoire Saint-Georges toutefois aurait alors été épargné, Guérin put s’échapper. En 839, Lothaire revint tenir un concile, en fait une grande assemblée où les affaires de l’État furent débattues. Guérin réapparut dans les mois suivants, avec le titre de duc, au terme, ce semble, d’un patient travail pour réasseoir son gouvernement, commencer une seconde carrière avec « la guerre des trois frères », Louis, Charles et Lothaire, dans laquelle, tel Alard, il joua la carte de Charles : c’est lui qui décida de l’issue de la bataille de Fontenoy (25 juin 841) en arrivant en tête de contingents toulousains, provençaux et bourguignons. Un an plus tard, les armées de Charles et de Louis frôlèrent Chalon. C’est Guérin encore qui fit rentrer la Burgondie à l’ouest de la Saône dans la part de Charles, au traité de mars 842. Le partage signé à Verdun (sur la Meuse et non sur le Doubs) le 13 août 843 confirma cette disposition dont l’importance est à souligner puisque, de cette Bourgogne franque, sortira le duché féodal.
Guérin ne quitta pas son roi de six mois, puis conserva une activité plus ordinaire, veillant aux bénéfices de ses vassaux, jusqu'à sa mort au début de 853. Son fils Isembard lui succéda dans la marche chalonnaise : l’assemblée réunie à Servais en novembre l’investit de la fonction de « missus » pour une circonscription comprenant toujours la Bourgogne éduenne et lingonne.
Vers 861, le comté de Chalon est sous la garde d’Echard, le plus riche des comtes de Bourgogne, et très âgé. Il se peut que le Chaunois lui ait été
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