Page 37 - Histoire de Chalon-sur-Saône
P. 37

confié à la suite de son mariage avec Richeut, mère de Boson, qui sera roi de Provence, et de Richard le Justicier, comte d’Autun puis duc de Bourgogne après qu’il eut débarrassé la région des Normands : Echard aurait été le baile des enfants de Richeut. Ses testaments sont parmi les plus célèbres, favorables surtout aux églises dont l’abbaye de Fleury-sur-Loire où il fut enterré. Son beau-fils aîné lui succéda et montra une attention toute spéciale à l’Église, ami et bienfaiteur des évêques et des abbés. En mai 878, il accueillit le pape Jean VIII venu chercher des secours contre les Sarrasins et l’accompagna d’Arles jusqu'à Langres puis à Troyes où il couronna Louis le Bègue et présida un concile. Au retour, le pontife passa une vingtaine de jours à Chalon ; la canonisation des saints évêques toutefois, à laquelle il aurait alors procédé, est légendaire, la bulle du cartulaire de Saint-Marcel a été interpolée.
Le 15 octobre 879, les évêques réunis à Mantaille, dont Gerbod de Chalon, proposaient la royauté à Boson, qui l’accepta. Le Chaunois échut alors au comte Aleran II qui l’abandonna toutefois rapidement, lui préférant ses autres terres en Francie, et fit place à Manassès de Vergy, dit l’Ancien (ou le Vieil), gendre de Boson et premier des comtes héréditaires de Chalon.
Le comte Manassès était le compagnon d’armes de Richard le Justicier qu’il assista lors des expéditions menées contre les Normands ; remontant la Loire à diverses reprises, ceux-ci avaient atteint la Bourgogne. L’effroi des populations était augmenté par les transports de reliques (saint Philibert, de Noirmoutier à Tournus). Nos documents, rédigés par des ecclésiastiques, abondent certes dans les lamentations, comme celles du concile de Trosly [-Breuil] en 909 : « Vous voyez éclater devant vous la colère du seigneur. [...] Ce ne sont que villages dépeuplés, monastères jetés à bas ou incendiés, champs réduits en solitudes. [...] Partout le puissant opprime le faible et les hommes sont pareils aux poissons de la mer qui pêle-mêle se dévorent entre eux. » Nous avons toutefois un témoignage, archéologique, pour percevoir l’émotion populaire, en fait, celle que toutes les guerres entraînent : il s’agit du trésor monétaire carolingien, trouvé rue des Cornillons, dont la frappe des vingt-deux pièces permet de tracer l’itinéraire de leur(s) possesseur(s) d’Orléans à Chalon par Dijon. Les deux chefs bourguignons brisèrent l’invasion à Saint-Florentin (898) puis à Chartres (911), Manassès en gardant le surnom de « preux ». À sa mort (2 juin 918), il fut inhumé dans le prieuré de Saint-Vivant qu’il avait fondé sur ses terres de Vergy.
Dans ce IXe siècle, la liste épiscopale ne retrouve quelque sûreté qu’avec Fova (v. 827 ?), présent à plusieurs conciles, puis Jotsaud (843-v. 864) et Gerbod (v. 864-886), déjà cité, nommés tous deux par Charles le Chauve. Le 20 mai 873, devant les pères assemblés dans l’église de Saint-Laurent, un prêtre nommé Leutier, agissant comme prévôt et avoué des chanoines de Saint-Marcel dont nous apprenons ainsi le statut, exposa que l’édifice dans lequel ils se trouvaient (angle des rues de Strasbourg et d’Uxelles) avait été donné, avec le consentement des évêques de Chalon, aux chanoines qu’il représentait et qui l’avaient perdu par négligence. Gerbod déclara qu’il aurait confirmé spontanément cette donation s’il l’avait connue et s’en remit au concile qui se prononça en faveur du plaignant. En mai 886, une autre réunion se tint à Chalon, pour examiner diverses affaires dont nous ignorons le détail. Gerbod ordonna la réforme de l’abbaye de Saint-Pierre
35
EUD Openbook
Tous droits réservés, utilisation dans un cadre scolaire et universitaire


































































































   35   36   37   38   39