Page 35 - Histoire de Chalon-sur-Saône
P. 35

Quant à Loup (v. 600-614), il reste difficile à connaître, la légende recouvrant la réalité. Il serait né à Boyer, près de Tournus, où il aurait fait jaillir une source en fichant un bâton dans le sol, mettant ainsi fin à une sévère sécheresse : aussi son intercession était-elle sollicitée pour éteindre les incendies. Son riche patrimoine fut dévolu à son église et à ses chanoines, pour lesquels il aurait fondé une école capitulaire. La tenue d’un concile en 602/603 est, elle, sûre, qui déposa l’évêque Didier de Vienne. Peu avant de mourir, Loup sollicita, en vain, la grâce de plusieurs prisonniers ; son convoi funèbre s’arrêta lorsqu’il arriva devant la prison dont les portes s’ouvrirent ; dès lors, les évêques eurent le privilège d’élargir un prisonnier le 27 janvier, jour de sa fête. Le trésor cathédral conserve une crosse dite de saint Loup, en ivoire, datée des XIe-XIIe siècles, avec un pommeau en cristal de roche et une volute qui enferme l’Agneau combattant un dragon.
Vers 647/649, un grand concile fut réuni à Chalon, où tous les évêques de Neustrie et de Bourgogne proclamèrent la foi de Nicée, puis se préoccupèrent de discipline et de pénitence (élections épiscopales, interdiction faite aux laïcs d’administrer les biens ecclésiastiques ; l’allusion à un trafic d’esclaves chrétiens vendus par des juifs ne prouve pas une présence juive dans la ville). À cette date, un dernier saint, également légendaire, est inscrit dans la série épiscopale chalonnaise : Grat. Il aurait élevé un oratoire puis une église dédiée à saint Laurent, donnant naissance au faubourg homonyme. S’étant abandonné là tout entier à ses prières, il s’aperçut qu’il était en retard pour l’office et se hâta de rejoindre la cathédrale. Arrivé sur le pont qui franchissait la Saône, il entendit un chœur angélique chanter Ite missa est ; désolé, il jeta son anneau dans la rivière et retourna s’enfermer dans sa chapelle. Sept ans plus tard, un pêcheur retrouva la bague dans le ventre d’un poisson et la lui rapporta : il comprit que sa pénitence était suffisante et reprit sa charge.
Nous voyons ces évêques sous des traits populaires : résidants, proches de leurs paroissiens, ils tenaient bien les rôles les plus sensibles.
Au printemps 731, les cavaliers sarrasins sortis d’Espagne, ayant remonté la vallée du Rhône, dévastèrent la Bourgogne. Chalon fut peut être épargnée, les documents n’en parlent pas, la prise de la ville est donc douteuse. Après sa victoire à Poitiers (732), Charles Martel vint dans nos contrées, pour une inspection d’abord pacifique, vite durcie, des résistances s’étant déclarées qui entraînèrent des campagnes serrées. La reprise en main par les Carolingiens ouvrit le Chaunois à une prééminence de fait d’un personnage fort, le comte Alard, cousin germain de Charlemagne, qui soutint très activement Pépin le Bref contre les visées de Gaifier, duc d’Aquitaine, les affrontements des troupes opposées se déroulant jusque dans l’Auxerrois. Alard apparaît comme le responsable d’un grand commandement, en raison sans doute de la position géographique de la cité, aussi de sa qualité d’ancienne capitale mérovingienne. Chalon, quoique loin des palais carolingiens, resta un centre administratif important.
Les Carolingiens
À la mort de Pépin en 768, la Burgondie fut incluse dans la part de Carloman. Celui-ci décédé trois ans plus tard, Alard choisit de rallier
33
EUD Openbook
Tous droits réservés, utilisation dans un cadre scolaire et universitaire


































































































   33   34   35   36   37