Page 34 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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puisqu’il ne resterait personne de notre race assez robuste pour vous défendre. » Grégoire de Tours rapporte aussi comment il fut « généreux dans ses aumônes, et assidu aux veilles et aux jeûnes », comment il réunit des conciles à Lyon (v. 567-570), à Chalon (579), à Mâcon (583, 585), se portant garant des canons édictés, comment il secourut les victimes d’un tremblement de terre, comment enfin, thaumaturge, il guérit des malades tel celui, retenu sur sa couche par une fièvre quarte, qui se leva après avoir bu de l’eau dans laquelle sa mère avait seulement jeté quelques franges coupées du manteau du souverain. C’était un roi confesseur, qui gagna la sainteté par son exercice de la royauté.
L’église Saint-Jean (angle de la place Saint-Jean et du quai Gambetta) était peut-être édifiée à cette époque, elle est citée dans la Vie de saint Outrille, évêque de Bourges, qui vécut ses jeunes années à Chalon dans la cour burgonde. Gontran fut inhumé dans l’église qu’il avait fondée sur le lieu du martyre de saint Marcel, alors appelé Hubiliacus, là où il y a un lac, à présent Saint-Marcel ; la basilique élevée dans la première partie de son règne, « magnifique » selon le chroniqueur Frédégaire, fut encore dotée d’un monastère qui en assurait le service et spécialement la louange perpétuelle en usage, entre autres, à Saint-Maurice d’Agaune (en Valais), fondation de saint Sigismond (+ 516), fils de Gondebaud, qui avait préféré le catholicisme à l’arianisme et entraîné les Burgondes dans sa foi. Une inscription, encore visible, encastrée dans le mur du bas côté méridional de l’église de Saint-Marcel datable du XIe siècle (et contemporaine du début de la construction de l’édifice actuel) signale la consécration d’un autel « en l’honneur des saints Jean-Baptiste, Martin, Nicolas, Taurin, Loup, Sylvestre, Agricole, évêques, Benoît, abbé, et de saint Gontran roi ».
Trois des quatre prélats cités ci-dessus sont chalonnais. Sylvestre (488-532) participa au concile d’Épone (517) assemblé par Sigismond pour gommer les erreurs ariennes ; des miracles lui sont attribués par Grégoire de Tours dont la mère, Armentaria, possédait une relique du saint (un fil de son hamac). Agricole (532-580) eut à subir les affrontements des héritiers de Clovis, Théodebert Ier, Théodebald et Clotaire Ier, puis le siège, la prise et l’incendie de Chalon par le fils de ce dernier, Chramme, de la plus fâcheuse réputation, finalement exécuté sur ordre de son père (556). Des catastrophes naturelles frappèrent la cité ces années-là : inondations, épidémies. Agricole dut aussi repousser une ultime résurgence arienne, qui l’aurait obligé à quitter sa cathédrale et à se réfugier outre Saône dans l’abbaye de Saint-Marcel. Il fut enfin un bâtisseur : la construction de l’église de Gourdon, afin de recevoir le corps du bienheureux prêtre Didier, et celle de sa cathédrale, décorée de marbres et de mosaïques, au témoignage de Grégoire de Tours, pour laquelle il rapporta de Paris un morceau de la tunique de saint Vincent, récemment déposée par le roi Childebert ; il n’en subsiste que quelques mœllons de petit appareil.
Après lui, vint Flavus. La fondation de l’abbaye de Saint-Pierre lui est attribuée, hors de la ville (à l’emplacement de la Tour Ronjon), sur la nécropole romaine (et sur le tombeau d’un saint personnage ?) où les premiers évêques furent inhumés. Saint André, second vocable, était le patron de la paroisse environnante dont l’église se trouvait au carrefour des rues Dr-Mauchamp et d’Autun.
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