Page 32 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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mort du premier titulaire, Paul, avait altéré la discipline. À défaut du catalogue du XIIIe siècle, perdu aujourd’hui, Paul est considéré comme le premier évêque de Chalon.
Un autre document, à nouveau épigraphique, se rapporte aux évêques du Ve siècle : sur un vase en bronze, probablement baptismal, datable de 480 environ, les mots « Jamblique, évêque » ont été gravés, suivis du chrisme entre l’alpha et l’oméga ; ce nom, grec, était vraisemblablement celui d’un originaire de la Syrie, d’où de nombreux commerçants étaient venus en Gaule, et qui a pu être évêque de Chalon après Jean.
Démembré de celui d’Autun, suffragant comme lui de l’archevêché de Lyon, le diocèse chalonnais présentait, des suites de cette origine secondaire, un contour singulier : une zone compacte autour de Chalon, d’environ 35 km de rayon, une antenne montant vers le nord, suivant la rive droite de la Saône et s’insinuant entre les ressorts d’Autun et de Besançon jusqu'à toucher celui de Langres où elle se divisait en trois enclaves, révélant une division du pays bas dijonnais que nous dirons plus loin. Quant à l’église cathédrale, nous ne pouvons que présumer qu’elle prit, sans originalité, appuyée sur le mur de la haute enceinte, la place d’un temple païen (une stèle votive à Mercure a été mise au jour à proximité) et fut dès lors desservie par un chapitre de chanoines. La ville était désormais une cité, les évêques prirent une part tout à fait importante dans son gouvernement (jusqu’en 1789), le quartier canonial marqua son urbanisme.
Les Burgondes
Or,cettedatedumilieuduVe sièclecorrespondparailleursàl’établissement des Burgondes dans la Lyonnaise. Nous savons que ceux-ci, migrant de la Scandinavie, franchirent le Rhin en 406 et furent accueillis, quelques années plus tard, par l’empereur gaulois et usurpateur Jovin qui leur accorda le titre de confédérés. Leur épopée est transcrite dans la légende des Nibelungen, Gunther étant le roi Gonthiar, fondateur d’un premier royaume (413-436) établi sur le Rhin moyen. Un deuxième royaume (443-534) fut constitué sur le Rhône, dont Chalon ressortissait : nous le déduisons de la présence de l’évêque Jean au concile assemblé dans la cité d’Arles en 474-475. Et nous citons ici Césaire, né à Chalon en 470/471, moine de Lérins puis évêque d’Arles, théologien, rédacteur de deux règles monastiques (mort en 542).
L’éclat de la civilisation burgonde est attesté par les trouvailles archéologiques de Charnay-lès-Chalon, Curtil-sous-Burnand, Saint-Léger- sur-Dheune. Parmi les rois plus connus, Gondebaud, est réputé pour être l’auteur de la « loi Gombette » qui affirme l’égalité entre les Burgondes et les Romains ; après qu’il eut été battu en 507 près de Dijon par Clovis, le roi des Francs, et la Burgondie et Chalon connurent les heurs et les malheurs des royaumes mérovingiens puis carolingiens. Les Francs appliquant la division des héritages, en 561, la Bourgogne échut à Gontran (« Gunthrannus »), petit-fils de Clovis, fils de Clotaire, qui choisit Chalon comme sa résidence principale ; son palais était vraisemblablement édifié au Châtelet, à l’angle sud-ouest de l’enceinte, au point le plus élevé de la ville, dont le souvenir est maintenu par la place de ce nom. L’atelier monétaire qui fonctionnait alors était l’un des plus actifs en Gaule ; il est très connu,
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