Page 30 - Histoire de Chalon-sur-Saône

Nous ignorons tout de l’origine du bronze utilisé, avec parcimonie, par les métallurgistes locaux. Seul un petit lingot aurait été retrouvé dans la Saône au siècle dernier... Le commerce du plomb originaire des mines du Shropshire (Angleterre), nous est mieux connu grâce à la découverte de six lingots d’un poids unitaire de plus de 80 kg, découverte liée, nous l’avons dit, à un point douloureux de l’histoire chalonnaise. Sans les événements tragiques de l’année 197, il est probable que nous ignorerions tout du commerce de transit du plomb de Grande Bretagne, plomb vraisemblablement destiné à l’Italie mais dont une partie alimentait les ateliers de Vienne. Une conduite d’eau retrouvée à Chalon et portant l’estampille « Vassedo », métallurgiste de la vallée du Rhône, a très certainement été produite à l’aide de plomb provenant de Grande-Bretagne. Au Bas-Empire, parviendront également dans la vallée de la Saône, de curieux vases en alliage de plomb et d’étain et de même origine... La fouille de la pile n° 3 du second pont romain a montré que la construction de l’ouvrage avait nécessité, pour la réalisation des scellements, une quinzaine de tonnes de plomb. Curieusement, les analyses isotopiques réalisées tant sur les lingots du musée que sur les scellements du pont ont montré que l’on n’avait pas eu recours pour cet ouvrage à du plomb originaire de Grande Bretagne mais plus vraisemblablement de la Montagne Noire sur la bordure méridionale du Massif Central...
Les échanges sont également très perceptibles au niveau des produits de luxe, verreries, bijoux et surtout vaisselle d’argent et de bronze. Là encore, aux premiers siècles de l’Empire, la forme de certains vases, mais aussi les estampilles portées par d’autres, nous révèlent l’importance des échanges avec les ateliers d’Italie du nord mais surtout du sud et notamment de la région de Capoue.
Le Bas-Empire et le Haut Moyen-Âge sont ordinairement considérés comme des périodes d’instabilité et de déclin économique. Peut-être du fait de la présence à Chalon de la flottille militaire de la Saône, ce schéma peut- il être relativisé ? La fouille des ponts romains a en effet permis de mettre en lumière l’existence entre les piles n° 3 et 4, d’un aménagement spécifique, daté de la première moitié du Ve siècle et destiné à faire fonctionner un moulin sur bateaux dont une meule a été retrouvée. A ce jour, nous nous trouvons là en présence de la plus ancienne installation de ce type, identifiée à l’échelle européenne.
Louis Bonnamour
Fig. 9 – Buste de l’empereur Magnence en bronze argenté, découvert au XIXe siècle dans la Saône à Chalon
© Cliché Musée Denon, Musée archéologique Denon
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