Page 80 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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Le XVIIe siècle
La ville de Chalon vient de vivre pendant un demi-siècle « tout le redoutable des mouvements civils » ; la campagne avoisinante est ravagée. Il faut partout se réhabituer à l’ordre, royal et catholique, et reconstruire. En son début le XVIIe siècle est paisible. Agriculture et commerce reprennent, la prospérité revient : on envisage même en 1627 la démolition de la citadelle. Partout, des chantiers religieux : la contre-réforme installe les couvents. Mais très tôt le meilleur du siècle est passé ; une chape de froid s’installe. De 1628 à 1660, la peste puis la guerre de Trente Ans et la Fronde s’abattent sur le pays. Ensuite un répit jusqu’en 1685 marque le retour à une économie plus prospère, alors que le poids va croissant de l’absolutisme royal. La fin du siècle sombre dans une misère profonde. Les guerres à nouveau amènent la ruine de la production et des échanges, même si les combats se sont éloignés aux nouvelles frontières du royaume : cette époque sinistre et glacée se poursuivra jusqu’en 1715. Les disettes se succèdent : 1662, 1693-94 ; 1698 est menaçant.
Les pouvoirs locaux, éminents au début du siècle, l’évêque, le gouverneur, iront déclinant, supplantés progressivement par la puissance royale. La noblesse et le clergé sont à la cour, ou ruinés. Le sursaut de la Fronde n’a pas eu de forte prise à Chalon. La bourgeoisie jadis si libertaire est aux ordres. L’institution du maire perpétuel en marque le statut domestique : c’est le triomphe de la vénalité. L’intendant de la province et le subdélégué local ont tout en main. Le pointilleux de leur administration reste une de nos meilleures sources d’information.
Le renouveau catholique
Le XVIe siècle a marqué la ville par les remparts bastionnés et la citadelle. LeXVIIe lajalonneradesesnombreuxcouvents:pourconfortersavictoire, l’Église catholique organise une puissante reprise en main spirituelle et sociale. Les évêques nouveaux, rigoureux et efficaces, veillent à l’implantation d’ordres religieux récents, actifs, missionnaires, enseignants, et d’autres contemplatifs, qu’il faut considérer comme la force essentielle d’une action orientée vers la reconquête. Il est vrai que les réformés, vers 1600, ont une présence certaine, qui ira s’estompant à chaque occasion, liquidée par Louis XIV à la révocation de l’édit de Nantes. Leur disparition marquera aussi le recul d’une bourgeoisie au franc-parler et d’esprit indépendant.
La ville contient d’abord, tant qu’elle peut, les fondations religieuses, mais vainement. Si l’opposition est presque unanime à repousser les Ursulines et la Compagnie de Jésus, lors de l’assemblée générale de la commune qui décide de l’établissement des Visitandines, il n’y a qu’un opposant, à qui se joint un avocat : « Je suis l’ami de Monsieur, je le vois tout seul, je crains que le loup ne le mange, je vais me joindre à lui ». L’assemblée rit, mais désormais la crainte du loup...
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