Page 79 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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entrée à Chalon en juillet 1599. Les Enfants de ville tuent un de ses pages qui voulait enlever une fille, jeune et belle dit la chronique. Peu avant, alors que le cardinal de Florence retournait en Italie, ces jeunes gens avaient pris un mulet de force. Le prince de Mayenne oblige, l’épée à la main, leur abbé, Picornot, à restituer la bête.
Pendant ce temps, le peuple est en prière pour la Paix, non pour la Ligue : l’adoration perpétuelle rassemble à la cathédrale des foules durant trois semaines. Une procession générale en blanc fait le tour de la ville. L’année 1595 précipite les événements : il ne reste à Mayenne que Chalon en Bourgogne. Paris s’est rendu. La confiance ne règne plus, les complots, imaginaires ou non, pourrissent le climat chalonnais. En mai, des bourgeois arrêtés sont emprisonnés à la citadelle. Les gardes sont renforcées, les magistrats prêtent un nouveau serment. « Cette misérable ville se ruinait pour soutenir la Ligue qui s’en allait expirant entre ses bras ». Mayenne aux abois manque stupidement un convoi exceptionnel venant de Lyon : sept chariots portent 100 000 écus empruntés par Henri IV. Ils passent subrepticement en Bresse à une lieue de la ville. Mayenne l’apprend avec un retard de trois heures. Le trésor est alors à l’abri au château d’Authumes.
Il est temps de négocier : le 23 novembre est signée la trêve de Taisey ; grande joie en ville où elle est annoncée à quatre trompettes. Aussitôt les processions s’organisent, on dresse des feux de joie. Mayenne allume lui- même celui du Châtelet.
Le connétable de Castille, venu un peu tard au secours de la Ligue, est battu à Fontaine-Française. Mayenne laisse à la citadelle de Chalon la duchesse et le prince de Mayenne, leur fils. Il se retire à Soissons alors que le président Jeannin négocie sa reddition. À la paix de Follembray, il reste à Mayenne trois places de sûreté, pour six ans, dont Chalon.
Urbanisme
L’urbanisme ravageur des fortifications dégage de vastes espaces au détriment des anciennes paroisses. Le malheur des temps n’a pas laissé le loisir de bâtir, si ce n’est le nouvel hôpital. On relève cependant, en 1578, une autorisation pour construire place des Carmes « dans l’alignement du bâtiment des Chevaliers de l’Arbalète des maisons entièrement semblables entre elles, à charge pour eux de faire devant ces maisons une toise de pavage ».
Dans les « Antiquitez de Chalon » de Pierre de Saint-Julien, l’éditeur Chesneau insère une vue cavalière de Chalon, gravée sur bois par Rancurel en 1582. C’est le plus ancien document figuré local. D’une intelligence claire et, dans son code, d’une très grande précision, il présente en leur emplacement les monuments et les rues et donne un état de la ville remarquable. Nombre de détails signifiants nous renseignent sur l’état immobilier : l’échauguette à l’angle de la place et de la rue du Châtelet, architecture typique du temps de troubles, et peut-être huguenote, disparaîtra au XVIIIe siècle. Au coin des Gagne-deniers, reste la console d’une autre tourelle, face au Christ à la colonne (1600) d’après Michel- Ange.
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