Page 81 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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Les évêques
Cyrus de Tyard marque la transition : neveu de Pontus de Tyard, il devient son coadjuteur (1594), très libre puisque l’oncle est exilé à Bragny-sur-Saône. Il lui succède lorsqu’il démissionne, en 1596. De formation toute romaine, il est sacré à Saint-Louis-des-Français par le cardinal de Joyeuse : il domine ainsi les ambiguïtés du royaume et de la province. Il lui sera facile de mettre en place toute la stratégie post-tridentine. La reconstruction de l’évêché marque l’affirmation de son rang. Il ne garde de l’ancien que le donjon. À ses pieds, il installe les Minimes (1597), et les Capucins (1603) à Saint-Jean-des-Vignes, deux ordres très populaires. Les Carmélites – la citadelle mystique – arrivent en 1610. Les religieuses de Lancharre viennent aussi se réfugier en ville et suivre la règle bénédictine, l’année où il meurt (1624).
C’est un jeune évêque de 32 ans qui lui succède. Son oncle Frémiot est archevêque de Bourges. Sa tante Jeanne de Chantal, sainte à venir, fonde l’ordre de la Visitation. Dès son arrivée dans le diocèse, Jacques de Neuchèze organise les missions rurales. Il y participe activement, quoique la peste sévisse dans les villages qu’il visite. Dans la ville épiscopale il établit dès son arrivée les Oratoriens et le grand séminaire, mais aussi les Ursulines (1625), les Jésuites (1634), la Visitation (1636).
Député de l’Église de Lyon à l’assemblée du clergé, il siège aux États de Bourgogne, on le voit à la cour. Tempérament de peu de consistance, très attaché à son train de vie et à ses pages, il est le reflet d’un milieu et d’une famille à l’avant-garde du renouveau catholique. Il meurt en 1658, laissant aux Jésuites sa bibliothèque et son cœur.
Le nouvel évêque, Jean de Maupeou, est sacré à Paris, à Saint-Lazare. Il poursuit durant son épiscopat (1658-1677) le travail d’évangélisation des campagnes. Il organise des missions et visite méthodiquement son diocèse : « Il a bien voulu instruire avec une douceur merveilleuse les enfants, les paysans et les pauvres, sans témoigner la moindre impatience de leur rudesse et de leur ignorance ». Il entreprend en 1675 sur un plan monumental la reconstitution du séminaire.
Henri Félix de Tassy aura un épiscopat troublé par diverses querelles : ses essais d’ingérence à l’hôpital, qui est communal, la création de l’hospice Saint-Louis à Sainte-Marie, qui passe pour une concurrence, indisposent le magistrat. Il n’aura pas la discrétion de Jean de Maupeou, subtilement gallican et peu obstiné. S’il prend la défense du curé de Saint-Vincent accusé de quiétisme – cela pouvait conduire au bûcher –, il est lui-même suspecté de jansénisme et ses ordonnances synodales de 1701 seront saisies comme contraires aux libertés de l’Église gallicane.
Les couvents
Nous avons aperçu le rôle des maisons religieuses dans l’évolution catholique : à la fin du siècle, Chalon comptera au moins quinze communautés nouvelles ou réformées s’ajoutant aux deux chapitres de Saint-Georges et Saint-Vincent, aux prêtres habitués, au clergé des paroisses, aux desservants des chapelles, aux Cordeliers, aux Carmes, aux Bénédictins de Saint-Marcel et de Saint-Pierre.
Photo. 4 – Jean de Maupeou, évêque de Chalon. Portrait par Nanteuil, 1671
© SHAC, cliché Dominique Geoffroy
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