Page 78 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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recevoir le légat et de répondre à la lettre pontificale. Ce même neveu sera en 1592 son coadjuteur, dans une ligne plus romaine et plus souple. Il sera sacré à Rome à Saint-Louis-des-Français. L’an 1593, le conflit sera au paroxysme : Henri de Navarre convie l’évêque de Chalon à son abjuration. Mayenne lui refuse le passeport. Pour la paix, celle de l’Église de Chalon et la sienne, il résigne son évêché en 1594 : désormais Cyrus aura les mains libres pour gérer le diocèse et lui, pour écrire encore, dans sa solitude de Bragny-sur-Saône où il mourra en 1605.
La Ligue était née alors qu’en 1588 le roi faisait assassiner le duc de Guise et arrêter la famille. Mayenne était à Lyon : prévenu à temps, il peut s’en échapper, gagne Chalon et, en l’absence du gouverneur, le baron de Lux, il se saisit de la citadelle, dont il fait son repaire. La Ligue va s’appuyer sur une bourgeoisie moyenne et favoriser les échevinages. Elle accorde un pouvoir plus grand aux polices municipales, mais elle mécontente la noblesse. Il lui faut aussi déguiser avec soin les relations espagnoles qui se dévoileront enfin.
Dès qu’il prend possession de la citadelle, Mayenne installe un gouverneur de ses créatures, Larthusie, évinçant Guy de Saint-Julien, trop lié à la noblesse locale. En 1586, le duc est lieutenant-général du royaume et poursuit la ligne traditionnelle des Guise. « Quelque mine qu’il fît, il faisait les yeux doux à la couronne ». Les nouveaux magistrats chalonnais sont de ses partisans. Ils prêtent un nouveau serment de fidélité à la Ligue.
Peu à peu, autour de Chalon se resserre l’étreinte des troupes royales. Verdun est au roi, comme le tout proche château de Montaigu. Les garnisons battent la campagne, il n’y a plus de sécurité aux environs. Le maréchal d’Aumont venant d’Autun est repoussé par le duc de Nemours. Larthusie lui a proposé Chalon pour 10 000 écus. un conseiller au parlement de Bourgogne, Millet, est envoyé comme otage et caution. Le voilà prisonnier à la citadelle : Larthusie garde Chalon et Millet paie les 10 000 écus comme rançon.
Le 1er novembre, Aumont tente de prendre Saint-Laurent et c’est encore un échec. À la demande des négociants chalonnais, Montaigu est enlevé et Larthusie y met gouverneur son neveu Laboriblanque. Mayenne lui-même part assiéger et prendre Brancion où commande Alphonse, plus tard d’Ornano, pour le roi. Six cents hommes et l’appui de Tavannes assurent le succès de l’entreprise.
La garnison de Verdun, royaliste, est commandée par un neveu de Pontus de Tyard, Héliodore. « La passion de faire quelque belle action agitait son esprit et ne lui donnait point de repos ». Le 26 octobre 1592, il vient en embuscade sur la rive gauche de Saône, entre l’Ermitage de Saint-Huruge et les piles du Moulin Bailly, où il dissimule trois cent cinquante hommes. Quatre cavaliers font semblant de voler du bétail devant la porte des Chavannes. Les troupes de la ville font une sortie, poursuivent et sont prises au piège. Il récidive, mais l’année suivante il est tué dans une action près de Beaune. Sa jeune femme, Marguerite de Busseuil, participe à la défense de Verdun : elle saute avec le tonneau de poudre sur quoi elle est assise... En novembre, Sancy remplace enfin Larthusie au gouvernement de la citadelle. La Bourgogne a un nouveau gouverneur : le maréchal de Biron. Il fera son
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