Page 127 - La Bourgogne de Lamartine
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LES NOTABLES DU MÂCONNAIS AU TEMPS DE LAMARTINE
Le nom de Lamartine est lié à l’avènement définitif du suffrage universel au printemps de 1848 – encore que, dans la discussion du début de mars au sein du Gouvernement provisoire, il ait plaidé ardemment, mais sans succès, la cause du scrutin à deux degrés. Toutefois, la plus grande partie de sa carrière politique, de 1831 à la révolution de février, s’est déroulée sous le régime censitaire. Avant d’être l’élu du peuple, il a été celui des notables, et plus précisément à partir de 1837, lorsqu’il a abandonné le siège de Bergues conquis quatre ans plus tôt, celui des notables de son pays natal, le Mâconnais, où il représentait d’ailleurs le canton de Mâcon Nord au conseil général depuis la fin de 1833.
Dans un système politique où n’existaient pas de partis structurés, Lamartine, d’ailleurs très jaloux de son indépendance, n’avait de comptes à rendre qu’à ses électeurs. Pour mieux comprendre les raisons de ses succès répétés, on s’efforcera d’analyser avec précision, du point de vue sociologique et idéologique, ce groupe privilégié de quelques centaines d’hommes auxquels la loi de 1831 conférait le droit de nommer les deux députés de l’arrondissement de Mâcon.
L’assimilation des notables, c’est-à-dire des personnes connues et influentes dans leur milieu, à l’électorat politique, soit, de 1831 à 1848, aux hommes de plus de 25 ans payant plus de 200 F de contributions directes, peut être dans un certain sens contestée. La contribution la plus lourde, celle qui permettait généralement d’atteindre le niveau du cens, était la foncière, payée par les seuls propriétaires. Un gros fermier, influent dans son village et employant de nombreux journaliers et domestiques, un marchand fabricant faisant travailler à domicile plusieurs dizaines d’ouvriers, un avocat ou un médecin disposant d’une large clientèle pouvaient fort bien se situer au-dessous de la barre des 200 F, tout en disposant de revenus plus élevés qu’un propriétaire, exploitant ou non, qui la dépassait de peu. Aussi faut-il, dans la mesure du possible, corriger l’indice du cens par celui de la fortune, que peuvent fournir les documents de l’Enregistrement. On constatera cependant que, surtout dans une région rurale comme le Mâconnais, la déformation du sommet de la pyramide sociale par le cens est
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