Page 84 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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Ursulines, elles construisent rue des Canes, en terrain inondable, un couvent achevé en 1639. Leur cloître n’existe plus qu’à l’état de symbole. L’église « fort jolie et claire » est consacrée l’an 1653. Lors du passage de Louis XIV (1658), le monastère fut à l’honneur : « Au sortir du logis du cardinal (Mazarin, logé au Doyenné de Saint-Vincent), le roy (logé à l’Évêché) alla au monastère des religieuses de la Visitation, où la reine (logée à l’hôtel Virey, sous-préfecture) fit ses dévotions et communia avec son ordinaire piété. Elle y disna, et après, Monsieur y estant aussi arrivé, ils montèrent tous en carrosse et sortirent de la ville avec toute la cour... » Les sœurs font de la broderie, pour la ville et les particuliers. Cinq petites-filles d’Enoch Virey ont pris le voile. Le couvent s’agrandit en 1670 : le roi leur donne le jeu de l’Arquebuse, moyennant un Ave maris stella pour la Saint- Louis, après la messe conventuelle. Voilà qui ne fit pas l’affaire des chevaliers expropriés qui n’eurent rien à dire.
D’autres communautés s’installent encore, plus discrètement : place de Beaune, les Jacobines sont pauvres, onze religieuses, et n’ont pas le droit de prendre des novices. Les sœurs grises de Saint-Vincent de Paul sont quatre, visitent les malades, tiennent une école et distribuent des bouillons. Les trois sœurs noires tiennent une école gratuite de filles.
Parmi les anciennes maisons religieuses, les prieurés-cures n’ont plus qu’un rôle paroissial : Saint-Cosme, Saint-Laurent, Sainte-Marie, Saint-Jean-de- Maizel. Le chapitre de Saint-Georges poursuit sa noble existence alors que les Antonins d’en face passent des jours difficiles. Il faut entretenir les vingt lits d’hôpital, mais la chapelle reçoit un somptueux décor baroque. Le commandeur des chevaliers de Malte n’accueille plus les rois dans sa maison du Temple, comme au siècle dernier. Les Cordeliers à Saint-Laurent reconstruisent, après quelques incendies mémorables, un monastère opulent, gardant seulement la chapelle d’origine. Les Clunisiens de Saint- Marcel bâtissent aussi...
L’ampleur extraordinaire de tous ces investissements religieux avait changé l’aspect de la ville, plus particulièrement du faubourg Saint-Jean-de-Maizel. Les logements et les terrains devenaient de plus en plus rares et plus chers. Les craintes du conseil de ville se trouvaient amplement confirmées.
Restent deux maisons plus directement impliquées dans la politique urbaine, éléments essentiels de la puissance catholique et plus près du centre urbain : au sud l’Oratoire, au nord les Jésuites ; maisons animées d’une forte émulation.
L’Oratoire est fondé très tôt (1625), dans l’hôtel de Saudon. Les prêtres sont discrets, s’occupent de la formation des séminaristes. Plus tard sera construit là le grand séminaire (1675) avec chapelle sur le rempart : la tour Saudon en sera le clocher, ce qui explique le lanternon (1681). Maison studieuse et discrète. Là vivent des érudits qui ont l’oreille des évêques. Bernard Lamy écrit une introduction à la lecture de l’Écriture sainte. Louis de Rimont sera 37 ans durant Grand Vicaire. Son successeur, Edme Cloiseault le sera 52 ans. Il écrira la vie de saint Charles Borromée, l’histoire de l’Oratoire, celle des évêques de Chalon.
Enfin les Jésuites. Après un premier échec du maire Louis de Thésut, qui les propose en 1604 pour le collège, « retardés par le peu de revenus », c’est
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