Page 83 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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pendant que les Carmélites presque clandestinement prennent possession des lieux. L’abbesse partira, mais il faudra payer... La nouvelle communauté, épaulée par Françoise Languet, est exemplaire. Elle marquera la spiritualité de l’École française et bénéficiera des passages de Bérulle. Plusieurs religieuses mourront en odeur de sainteté.
La communauté des Ursulines s’était établie place des Carmes grâce à Abigaïl Mathieu. Vite nombreuse, elle comptera plus de trente religieuses qui s’occupent de l’éducation des demoiselles. S’y est réunie la maison de Saint-Gengoux. Leur monastère, sur la place Saint-Pierre, est encore bien conservé avec chapelle et cloître. Entre l’hystérie de leur couvent d’Auxonne et le dérèglement de celui de Paray, les Ursulines de Chalon ont vécu paisiblement.
Dans leur voisinage se sont installées deux maisons bénédictines. Les petites communautés de l’ordre ont disparu et sont devenues paroisses : Saint-Jean- de-Maizel, Saint-Cosme, Saint-Laurent, Sainte-Marie. Reste à distance le gros prieuré de Saint-Marcel. Là, ce sont deux transferts : l’abbaye de Saint- Pierre et les Dames de Lancharre.
Nous avons vu les Bénédictins chassés de la colline où allait se construire la citadelle, se réfugier en ville et s’établir finalement place des Carmes. Ils entreprennent aussitôt un monastère. Leur chapelle figure au plan de Rancurel (1573) et sera consacrée par Cyrus de Tyard. Tout sera remis en chantier un siècle après. Leur chapelle, actuelle église Saint-Pierre, construite par Dom Vincent Duchesne, architecte, est le seul grand édifice baroque conservé à Chalon ; un peu surchargé au XIXe siècle, c’est, avec ses deux clochers de façade et le dôme central, la silhouette passe-partout d’une église de la contre-réforme. François de Madot en a béni la première pierre. Depuis 1662, la communauté s’était affiliée à la congrégation de Saint-Maur.
Les Dames de Lancharre, non loin de Cormatin et d’Uxelles, vivaient en campagne dans une sorte de béguinage. L’insécurité des guerres et les décisions du concile de Trente leur font une obligation de s’installer en ville. Le roi nomme (1611) Marie du Blé archiprieure. C’est la sœur du gouverneur de Chalon. Le transfert sera donc bien facile, sur une maladière, avec la maison et la chapelle des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, près de l’enclos des chevaliers de Malte. Vingt-sept religieuses viennent à Chalon où elles vont suivre une réforme bénédictine que l’évêque approuve en 1638 et le pape en 1666. Plusieurs réfractaires resteront à Lancharre. Le vaste cloître construit alors est en partie conservé. Leur chapelle – la chapelle de Jérusalem – est toujours là. Plus tard, la rue des Lancharre coupera leur enclos. C’est en 1644 que l’évêque de Neuchèze autorise « le pensionnaire », pensionnat pour dames et jeunes filles construit sur le quai de Saône près du logis abbatial.
Lorsqu’en 1630, Jeanne de Chantal passe à Chalon chez son neveu Jacques de Neuchèze, il lui demande un monastère de Visitandines. Le temps d’aplanir les difficultés et les six premières sœurs arrivent de Dijon avec la Mère de Villette et leur confesseur, l’abbé Burette. Le voyage est mouvementé ; les sœurs sont enfermées à clé dans la voiture, clôture oblige. Mais à Beaune un accident les retarde. Elles arrivent tard à Chalon, les portes de ville sont fermées. Il faut loger chez les Lancharre. Tout près des
Photo. 5 – L’ancien couvent des Carmes (actuellement Hôtel de ville)
© Cliché Gérard Delannoy
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