Page 67 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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La citadelle, commencée en 1547, ne sera achevée qu’en 1591. En son milieu restent les vestiges de l’abbaye Saint-Pierre. Quelques bâtiments servent de résidence aux officiers ; des casernes reconstruites plus tard accueillent la garnison qui peut être importante (500 à 2 000 hommes en moyenne). Le magasin de l’artillerie est à l’emplacement de l’église abbatiale.
En 1583 sont construits les deux bastions de Sainte-Marie. La porte de ce quartier qui est une île laisse à désirer : en 1586 Jean Linard, ingénieur, préconise une bonne porte à pont-levis. La tour à pont-levis de Saint-Jean est alors remplacée par une porte, plus en avant, qui subsistera jusqu’au XIXe siècle, flanquée de deux tours prismatiques à bossages.
L’ensemble est achevé alors que les guerres vont enfin se calmer. La citadelle aura d’ailleurs contribué à les prolonger : il eût été dommage de ne pas user d’un si bel instrument.
Le rôle stratégique de Chalon aura coûté à l’agglomération un formidable bouleversement ; tout ce qui est à l’ouest de la vieille enceinte disparaît pour faire place à la citadelle et à ses abords : boulevard, place de l’Obélisque, palais de justice et place de Beaune en sont les témoins.
L’hospice et maison-Dieu de Saint-Éloi, près du Pontet, est rasé en 1514 : dans les années précédentes, des indulgences accordées en 1506 avaient contribué à sa rénovation. L’hospice Saint-Jacques, un peu plus loin, au faubourg Saint-Alexandre, subit le même sort : la ville est désormais privée d’une grande part de ses établissements hospitaliers, en un temps où la maladie et la misère abondent.
L’église Saint-André, on la fait sauter. Les matériaux seront réutilisés (1563) à la citadelle. La cure est unie à Saint-Georges (1577). La paroisse a, bien sûr, disparu dans la tourmente.
Il en est de même du faubourg de Saint-Alexandre et du faubourg des Laiches : là se trouvait l’église Sainte-Croix, reste d’un prieuré de Saint- Pierre de Mâcon, démolie en 1547. Le prieuré sera uni à la cure de Saint- Jean-des-Vignes, le bénitier de bronze récupéré par le nouvel hôtel-Dieu.
Enfin, le bourg et l’abbaye Saint-Pierre. Les Bénédictins sont expulsés de leur superbe monastère fortifié et dominant la ville. Pierre de Saint-Julien, qui l’a vu, en donne une description précise, de l’église en particulier, toute reprise au début du siècle. À la croisée du transept, les grandes statues bleu et or et la grande verrière occidentale ont fait son admiration. Comme entre temps les Huguenots livrent tout au pillage, c’est une communauté ulcérée qui descend en ville chercher refuge. Aigres, bardés de quartiers de noblesse, les Bénédictins sauront se rendre indésirables où ils sont accueillis : à Saint-Vincent, aux Carmes... Nous les retrouvons enfin sur la place de l’Étape, ou des Carmes, bâtissant un nouveau monastère et en procès pour un siècle afin de récupérer des bribes de leur foncier ou de leurs rentes. Et comme ils avaient le monopole des inhumations, voilà Chalon sans pompes funèbres ni cimetières que celui, exigu, de la Motte.
Le gouverneur de la ville et citadelle est un grand personnage en ces temps troublés, et la maison de Lorraine y établit ses troupes et un lieutenant : le gouverneur ne s’y retire qu’exceptionnellement et loge en ville, rue des Nobles, à la charge de la communauté.
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