Page 65 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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nous fait bien connaître la grandeur de sa naissance ». C’était bien le moins qu’il fasse son entrée « à la vieille mode », somptueuse. Ce sera le dernier. Son épiscopat durera vingt ans.
On voit ainsi le pouvoir royal empiéter, mais prudemment, favorisant la noblesse de la province d’abord, la comblant de bénéfices. Si l’Église n’y gagne rien, cela calme la douleur du chapitre. Mais la nomination royale et le cumul conduisent à l’éloignement des responsables, au désintérêt et à la critique des Chalonnais.
À la mort d’Antoine de Vienne, l’évêché faillit échoir à un candidat qui « avait toute sa vie suivi les armes et pour fruit d’icelles était brisé de coups. Désirant un repos final, cet évêché lui fut baillé. L’évêché de Meaux il l’obtint comme étant de plus gros revenus, dont les bons furent scandalisés et les mauvais eurent grandissime occasion de s’en moquer et faire pire. »
Louis Guillard (1552-1560) fut nommé par la faveur du cardinal de Lorraine et « chargé d’un plus grand nombre de croces et de mitres qu’il ne saurait porter ». En guise d’entrée, il assigne les échevins pour un ancien procès, insulte à la ville et refuse les honneurs. Il sera d’une efficacité remarquable, amodiant à des laïcs les revenus temporels et spirituels de son évêché.
En 1561, c’est un docteur en Sorbonne et confesseur de Catherine de Médicis qui lui succède : Antoine Erlaut. Brillant au colloque de Poissy, présent au concile de Trente, homme pieux et sincère, il est absent de Chalon au pire moment des événements de la Réforme.
Après sa démission (1573), le dominicain Jacques Fourré sera quelques années évêque de Chalon. Prédicateur de la cour, lui aussi absent, il avait prévu « deux grandes pièces de tapisserie pour les sièges du chœur, une de la figure, l’autre de la vérité de l’Eucharistie ». Il inaugure ainsi les entreprises de la contre-réforme, mais son bref passage n’aura pas permis cette réalisation (1578).
Nous trouverons plus loin son successeur : Pontus de Tyard.
Une place forte
L’ancienne enceinte est désormais bien insuffisante. Elle n’a pas de résistance à l’artillerie et les faubourgs, devenus partie indispensable de la vie urbaine, ne sont pas couverts, ainsi Saint-Jean-de-Maizel, Saint-Laurent, Sainte-Marie.
Le front de Saône, très faible, est conforté par l’achèvement du nouveau pont Saint-Laurent, tout de pierre, hérissé de guérites sur chaque pile (1508). Il est vrai aussi qu’une chaîne barre la rivière : mais qui en aura la clé ?
Dès 1512, il faut renforcer au nord les abords de la porte Sainte-Marie ; l’année suivante c’est la porte du Pontet et Saint-Jean-de-Maizel qui sont repris. En 1514, le connétable de Bourbon charge La Trémouille d’exécuter deux nouveaux boulevards. Néanmoins, alors que plusieurs faubourgs sont rasés, la ville n’a toujours pas une ceinture continue et François Ier s’en inquiète. Au cours de l’année 1519, il demande de hâter l’exécution de ce
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