Page 181 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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s’organise au Creusot et même dans une partie des campagnes, la tension monte à Chalon où sont prises d’importantes précautions militaires. Le 2 juin, à Saint-Cosme, vers dix heures et demie du soir, après une journée de manifestations, les gendarmes débordés tirent sans sommation sur la foule, blessant mortellement trois personnes (dont un seul manifestant). L’appel à la conciliation du syndicat typographique et du sénateur radical Gillot et la démission du contremaître incriminé permettent la reprise du travail le 4 juin.
Ces très graves incidents, suivis des grèves de Montceau en 1901, ont assombri quelque temps la conjoncture économique à Chalon. Ils ont aussi contribué à la rupture (le 15 juin 1900) entre les socialistes révolutionnaires et le gouvernement de Waldeck-Rousseau, et à celle de l’unité socialiste péniblement réalisée en France l’année précédente. En février 1901, une nouvelle grève commencée à la ferblanterie Juillet gagne le Petit Creusot et l’usine Galland, dont les vitres sont brisées, mais le sous-préfet et la troupe procèdent à une cinquantaine d’arrestations, et les « principaux agitateurs », licenciés, quittent Chalon. Répression et reprise industrielle entraînent dans les années suivantes un affaiblissement des syndicats : huit seulement adhèrent encore à la Bourse du travail en 1908, et celui des métallurgistes aurait perdu à cette date les trois quarts de ses 800 adhérents. Le Premier Mai reste très calme à Chalon. Mais les troubles de 1900-1901 ont ranimé la peur sociale dans la bourgeoisie, tandis que la classe ouvrière commençait à s’orienter électoralement vers le socialisme.
Mentalités et culture
Comme dans la plupart des villes d’importance et de croissance comparables, le XIXe siècle a vu à Chalon un effort de restauration religieuse, de grands progrès de la scolarisation et le développement d’activités culturelles très variées.
Reconquête catholique ?
Au lendemain de la Révolution, l’Église se trouvait très affaiblie : suppression de l’évêché et des congrégations religieuses, aliénation définitive des biens du clergé et de plusieurs églises, très forte réduction du nombre des séculiers eux-mêmes. Le régime concordataire ne maintient dans la ville que deux paroisses, Saint-Pierre et Saint-Vincent (l’ancienne cathédrale) avec chacune un curé et trois vicaires, soit un prêtre pour 1 300 habitants.
Sous la direction des évêques d’Autun, et avec le concours des autorités, surtout sous la Restauration et le second Empire, la présence de l’Église s’affirme à nouveau dans la société chalonnaise. Et d’abord dans le domaine des soins aux malades et des secours aux malheureux. Dès le Consulat, l’hôpital Saint-Laurent, l’hospice de la Charité (Saint-Louis) au faubourg Sainte-Marie, pour les vieillards et les orphelins, celui de la Providence pour la distribution des secours à domicile sont tenus par des religieuses. L’association des Dames de la Miséricorde, reconstituée, reçoit de nouveaux statuts en 1808 et visite les pauvres et les prisonniers. Au début de 1844,
Photo. 6 – Façade néogothique de l’ancienne cathédrale Saint-Vincent (œuvre d’Antoine Chenavard, 1827-1844)
© Cliché G. Delannoy
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