Page 46 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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du clergé régulier. Deux, qui suivent, étaient les fils de familles locales. Gautier II, de Sercy, v. 1129-1157 (premier sceau épiscopal chalonnais connu), renflamma la question des sépultures en consacrant un nouveau cimetière à la Motte ; il reconnut avoir erré, se comparant « aux bêtes de somme privées de raison ». En 1136, il céda l’abbaye de Losne dont les chanoines séculiers aspiraient à passer sous la règle de saint Benoît, au prieuré Saint-Vivant de Vergy, dans l’obédience clunisienne, le prieur conservant toutefois des droits quasi épiscopaux. En 1141, il consacra l’église Saint-Étienne de Dijon, détruite dans le grand incendie de 1137. Le voyage du pape cistercien Eugène I I I, ami de Bernard, fut marqué par des dispositions en faveur de La Ferté, et par la bénédiction de la chapelle Saint- Nicolas du lieu. En 1152, Gautier se retira chez les réguliers, précisément les prémontrés, geste observé chez une douzaine de prélats bourguignons au XIIe siècle.
Pierre I, de Saint-Marcel, doyen du chapitre, était évêque depuis peu de temps lorsqu’il assista, en 1153, au concile de Mâcon réuni pour délivrer une fois de plus l’abbaye de Cluny des usurpations laïques, surtout des seigneurs de Brancion et des comtes de Chalon. Nous avons signalé l’intervention de Louis VII ; à occasion de celle-ci, le roi écrivit une lettre à l’ensemble des évêques afin qu’ils apportent leur soutien à l’Église de Chalon. En réponse, Pierre abandonna sa prébende canoniale à ses chanoines et interdit qu’un chanoine, élu évêque, conserve désormais ce revenu. Il décida aussi que le nombre de chanoines serait désormais limité à trente, pour ne pas excéder les ressources. Il mourut en 1178 et fut enterré à Cîteaux, dans une tombe commune avec son ami Henri de Bourgogne, évêque d’Autun.
Or, des pratiques simoniaques avaient été dénoncées dans le diocèse ; elles sont citées dans une lettre du pape Alexandre III à l’archevêque de Lyon Guichard. Une série de bulles furent délivrées relativement à la nomination aux cures, d’abord favorables aux chanoines puis les mettant en cause à leur tour. Ces tensions peuvent n’être pas étrangères à la rapide retraite d’Engelbert, le seul prélat de ce temps issu du clergé régulier (il était abbé de Molesme), retiré dès 1183 chez les chartreux.
Les finances restaient bien lancinantes. L’évêque Robert s’efforça de les améliorer : rentes accordées par le duc Hugues III, par les seigneurs Guy de Verdun, Robert de Marnay, règlement précité avec la comtesse Béatrix. Décédé en 1216, il fut inhumé à Cîteaux.
Durand du Puy, l’un des contractants de 1221, fut l’exécuteur testamentaire de Béatrix. En 1217, les templiers s’installèrent dans des immeubles cédés par le duc Eudes III, dans le quartier Saint-Jean-de-Maisel, entre la place de l’Étape et la Saône ; la chapelle subsiste, rue du Temple (salle des ventes). La commanderie relevait du grand prieuré de Champagne et sa « baillie » comprit huit maisons. En 1222, une « partition » fut réopérée des revenus du chapitre entre ses membres, indice, probablement, de sa sécularisation. Dix ans après, de nouveaux statuts abaissaient le nombre des prébendes à vingt, toujours eu égard à la pauvreté de la communauté ; une remise à trenteàlafinduXIIIe sièclenefutpaseffective,lechiffrefutfixéàvingt-six en 1327 et ne changera plus. Les dignitaires étaient au nombre de sept : trois
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