Page 43 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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fut vendu à Hugues II de Bourgogne par le même Savary, en 1113, et constitua dans l’immédiat une seigneurie pour un fils cadet de Bourgogne, Hugues le Roux, dont la postérité reste inconnue. Au Châtelet même, il y avait une haute tour carrée, logement du bailli, une chapelle dédiée à sainte Madeleine, et des prisons (rue de l’Ancienne prison), le tout ceint de fossés qui furent transformés en jardins au XVe siècle. En dehors de ces « tarraulx », se trouvaient diverses constructions, les écuries du bailli, les auditoires (tribunaux), enfin les loges des foires (rues du Châtelet et au Change). Nous ne savons pas quelle était l’ampleur du domaine ressortissant de la forteresse, vraisemblablement n’était-elle pas sans intérêt. Quelle qu’elle fût, le duc prenait pied à Chalon et dans sa région, grosso modo, à moitié ; les documents, s’ils ne nous le font pas savoir directement, nous donnent à penser que le comte devint son vassal au cours du XIIe siècle, avec encore quelques châteaux tenus du roi comme Charolles et Mont-Saint-Vincent.
Des comtes suivants, les mentions dans les chartes ne sont ni originales ni flatteuses. Aux exactions des mercenaires brabançons amis de Guillaume, fils de Guillaume Ier et petit-fils de Guy de Thiers, l’abbé Étienne de Cluny opposa la milice bourgeoise de la ville qui fut massacrée. Le roi Louis VII trouva là le prétexte à intervenir, les troupes royales entrèrent en Chalonnais, le jeune Guillaume prit la fuite, le comté fut confisqué, confié moitié au duc de Bourgogne, moitié au comte de Nevers, le roi se réservant la seigneurie de Saint-Gengoux, partage qui en fait montre quelles étaient les véritables puissances qui se disputaient le pouvoir en Bourgogne.
Devenu comte, après avoir fait sa soumission au roi à Vézelay, Guillaume II recouvra ses terres. Mais, il recommença les attaques contre Cluny, allié à son beau-frère Jocerand le Gros de Brancion, ce qui entraîna la descente de Philippe-Auguste. Il promit en pénitence de prendre la croix avec le roi et conclut la paix avec les moines. Il fit effectivement la croisade, participa au siège de Saint-Jean d’Acre et, à son retour, il prit l’habit monastique de ses ennemis passés au milieu desquels il mourut en 1203.
De son mariage avec Béatrix, fille de l’empereur Frédéric Barberousse, une fille était née, qui portait le prénom de sa mère. Son sceau la représente debout, appuyée sur la jambe gauche, vêtue d’une tunique ajustée au corps, sans ceinture, les cheveux séparés au milieu de la tête nue et tombant sur les épaules ; dans sa main gauche, elle tient un fleuron de lis. L’un de ses premiers actes fut l’aveu des fautes commises par ses ancêtres à l’encontre des chanoines de Saint-Vincent, l’évêque de Chalon Robert étant désigné comme arbitre. En dédommagement des coutumes « injustes » prélevées, elle promit de verser une rente annuelle et perpétuelle, les chanoines lui accordèrent leur absolution, l’acte fut signé à Saint-Désert en janvier 1203.
En 1221, un accord fut signé entre l’évêque de Chalon, Durand, le chapitre de Saint-Vincent, la duchesse de Bourgogne, Alix, et Béatrix, pour déterminer leurs droits respectifs dans la cité de Chalon. La question était complexe, le territoire que nous avons vu engagé par Savary à l’évêque n’était pas exactement le même que celui tenu en propre par le prélat (le « cloître »), les différences entre les deux étaient cependant minces. Le
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