Page 271 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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député de Saône-et-Loire André Jarrot menace de démissionner s’il est nommé. Après un entretien avec le député, le Premier ministre considère que la conjoncture n’est pas favorable. Le 26 février 1970, F. Jeanson présente sa démission. Bernard Tremeau, député UDR, proteste : “Je n’ai pas apprécié l’élimination de Francis Jeanson [...]. Je suis loin de partager ses idées. Il a au moins le mérite d’avoir des idées et d’obliger les Chalonnais à réfléchir et même à s’engager. J’ai été opposé au début de mon mandat à la nomination de Francis Jeanson. J’ai suivi son activité de près : elle me semble aujourd’hui valable”.
Une grande réunion d’information est organisée le 17 mars à l’hôtel de ville ; la salle des fêtes est pleine ; des centaines de personnes signent une pétition demandant la nomination de Jeanson. Finalement, le conseil d’administration de la Préfiguration le nomme directeur le 24 avril. Il semble qu’il y ait eu un modus vivendi : Jeanson peut être directeur de la Préfiguration, mais non de la MC lorsque celle-ci s’ouvrira.
Le 23 mai 1970, une élection est organisée pour choisir 80 délégués à l’assemblée générale de gestion de la Maison de la Culture. Le résultat est maigre : 680 votants seulement. Deuxième déception : parmi les élus, peu de représentants des “exclus”, mais, en revanche, 33 enseignants. Troisième déception : le Ministère n’accepte pas le principe de cette élection.
D’autre part, en dépit d’une bonne volonté exprimée, une collaboration effective de la Préfiguration et des associations chalonnaises ne peut s’instaurer. Du côté de celles-ci, on se méfie de cette grande et riche entreprise, on craint son impérialisme culturel si bien symbolisé par cette architecture évoquant une forteresse ; de l’autre côté, on ne peut se départir de cette idée que, dans le “désert culturel chalonnais”, on va apporter la bienfaisante manne parisienne.
Second vice rédhibitoire de la MC : puisqu’il faut développer l’animation, on recrutera un personnel nombreux, jusqu’à 60 personnes ; et un handicap financier important s’ajoute au handicap relationnel.
Deux organismes sont créés en 1971. MC 70 devient le Conseil culturel de la MC avec en son sein une “commission culturelle” en relation avec l’équipe d’animation. Ce conseil se dote d’un bulletin d’information imprimé qui remplace le bulletin ronéoté de MC 70 : Intervenir.
D’autre part, une Association de gestion de la MC est élue les 15 et 16 octobre 1971. 240 candidats pour 80 membres à élire ! 5 940 Chalonnais se sont inscrits, 3 575 votent, 3 531 s’expriment effectivement. Le Ministère n’accepte que 40 élus ; 20 membres sont cooptés par lui et la municipalité. S’y ajoutent huit membres de droit (quatre représentent le Ministère, quatre autres les collectivités locales). Le docteur Roger Faure est élu président.
Les premières années de la Maison de la Culture
Enfin la Maison est inaugurée en novembre 1971 en présence de Jacques Duhamel, ministre de la Culture : “Il est donc important qu’il y ait une culture familière, aisée, ouverte [...]. La politique forcément joue ici son rôle : en son sens le plus noble qui est le souci d’établir l’homme dans la Cité”. Ces propos rejoignent ceux de Francis Jeanson. Celui-ci toutefois
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