Page 214 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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De l’entrée en guerre à l’invasion
Si la mobilisation de septembre 1939, effectuée dans le calme, provoque quelque temps de sérieuses perturbations économiques, la situation ne tarde pas à se rapprocher de la normale. Certes, plusieurs bâtiments scolaires ont été réquisitionnés pour les besoins de l’armée ou transformés en hôpitaux militaires. La ville – camouflage oblige – plonge chaque soir dans l’obscurité. Le commerce souffre de la pénurie de moyens de transport, les industries du bâtiment, du bois, des travaux publics, ont fortement réduit leurs activités. Mais la métallurgie et les constructions mécaniques, si importantes à Chalon, et même par la suite le textile et la confection travaillent de plus en plus pour la défense nationale, et ne sont gênés que par une certaine difficulté à se procurer des matières premières. Et la population, réduite à moins de 30 000 habitants, ne subit encore que des restrictions insignifiantes au cours du rude hiver 1939-1940.
C’est en mai 1940 que Chalon bascule brusquement dans la guerre avec l’arrivée des réfugiés de Belgique et du nord de la France. À partir du 10 juin, un flot presque ininterrompu de véhicules civils et militaires traverse la ville en direction du sud, et bientôt une partie des Chalonnais eux-mêmes (cinq à dix mille ?) se lancent à leur tour sur la route de l’exode. L’ennemi approche : le 16 juin à 20 heures, c’est l’évacuation des services de la sous- préfecture, mais à 22 heures, le maire et le conseil municipal décident de rester. Chalon est déclarée ville ouverte, et le 17 juin à 20 heures 50, les premières troupes allemandes y pénètrent. L’occupation durera plus de quatre ans.
À l’heure allemande
La mise en vigueur de l’armistice place Chalon à la limite des deux zones : la ligne de démarcation passe immédiatement au sud et à l’est, où un poste de contrôle est établi au pont d’Eschavannes, Saint-Marcel se trouvant en zone libre. Le sous-préfet est subordonné à celui d’Autun et dépend aussi, pour les questions économiques, de la Feldkommandantur du Creusot, tandis que l’Ortskommandantur de Chalon peut lui donner, ainsi qu’au maire, des instructions, naturellement impératives, en matière de circulation et d’ordre public. La présence ennemie se fait lourdement sentir dans les bâtiments réquisitionnés, les lieux publics, les rues et les magasins où le cours artificiel du mark permet aux officiers et aux soldats de la Wehrmacht de se pourvoir à bon compte.
La première tâche de la municipalité restée en place (Georges Nouelle, qui a voté les pleins pouvoirs à Vichy le 10 juillet, est maintenu à l’hôtel de ville) consiste à assurer le ravitaillement de la population, grâce à de grandes quantités de vivres récupérées sur des péniches et des trains bloqués et dans le dépôt militaire de Crissey. Elle contribue ensuite, en liaison avec la Chambre de commerce qui joue à cet égard un rôle décisif, à ranimer la vie économique. Avec la démobilisation, la main-d’œuvre ne manque pas, mais seules peuvent reprendre et maintenir durablement une activité quasi- normale, grâce aux allocations de combustibles, de carburants et de matières premières, les entreprises qui acceptent de travailler pour les
Photo. 22 – L’occupation : prise d’armes allemande devant la gare
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