Page 213 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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est celle d’une centaine de pavillons par la société de Saint-Gobain), la municipalité crée le 9 janvier 1926 un office public d’habitations à bon marché, puis lance et mène à bien des programmes hardis d’ensembles pavillonnaires à loyers modérés : cités-jardins Carnot et Georges Nouelle, avenue de Paris, de 1926 à 1929, cité Pierre Vaux (1931) et surtout cité des Charreaux, sur 17 hectares, de 1930 à 1933, avec chauffage central collectif, locaux artisanaux et commerciaux, terrains de jeux, espaces verts et groupe scolaire pour 600 enfants. Au total, près de 500 maisons individuelles, permettant à des Chalonnais des classes moyennes et de l’élite ouvrière d’accéder à la fois à la propriété et à des conditions de vie plus saines.
Un effort considérable a été également accompli dans le domaine scolaire avec le remplacement de l’école primaire du Centre, aux bâtiments vétustes et dispersés, et la construction, en plus du groupe des Charreaux, de l’école maternelle de Bourgogne sur la rive droite du canal. On crée des cantines scolaires, et l’achat en 1938 du château d’Ouilly, près de Montagny-sur- Grosne, permet d’ouvrir à la veille de la guerre une colonie de vacances dont bénéficient les enfants de la ville. Mais la réalisation la plus caractéristique est sans doute dans ce domaine le développement de l’école professionnelle, très médiocrement installée rue de Thiard : c’est en 1934 qu’elle est transférée dans les bâtiments imposants de l’avenue Boucicaut, où lui est annexée l’école primaire supérieure de garçons. Le cours complémentaire de jeunes filles devient une EPS en 1937, jumelée avec le collège de la rue de la Banque, de même que la section technique et commerciale qui lui était associée depuis 1936. Le conseil municipal manifeste ainsi son souci, dans cette ville d’industrie et de commerce qu’est Chalon, de mieux assurer la préparation des employés, des techniciens et des cadres dont a besoin l’économie locale et régionale.
C’est aussi pour stimuler celle-ci qu’il subventionne, en accord avec la Chambre de commerce, la création d’une foire-exposition (juin 1928), et qu’il se préoccupe, mais cette fois sans aboutir à une solution avant la guerre, du projet depuis longtemps envisagé de construction d’un nouveau port.
Bien entendu, cette politique municipale activement interventionniste a posé de gros problèmes de financement, d’autant plus que se sont gonflées à partir de 1930 les dépenses d’aide sociale liées à la croissance du chômage (un million et demi de F en 1934). Passé de 3 428 000 F en 1925 à 13 873 000 en 1939, le budget a pu être équilibré – malgré la suppression de l’octroi, remplacé en 1928 par des taxes indirectes – grâce à des emprunts, mais surtout à l’augmentation des centimes additionnels (interrompue cependant de 1930 à 1935). Si la modernisation de la ville a incontestablement coûté cher, la gestion de ses finances a été, sous le contrôle du futur maire Julien Satonnet, à la fois saine et efficace.
Chalon dans les années sombres
Épargnée par les opérations militaires et l’invasion en 1870-1871 et 1914- 1918, Chalon va connaître de 1940 à 1944, après la sécurité trompeuse de la « drôle de guerre », une longue occupation ennemie destinée à laisser un souvenir durable.
Photo. 21 – L’école nationale professionnelle inaugurée en 1934, avenue Boucicaut
© Cliché D. Geoffroy
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