Page 185 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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lentement et, dans les bâtiments remodelés et agrandis en 1893, 24 professeurs instruisent plus de 300 élèves après 1900. La concurrence d’établissements privés s’est fait sentir à plusieurs reprises : au milieu du siècle, celle de l’internat de l’abbé Brûlebois ; à partir de 1873, celle du collège Saint-Bertin (mais il est fermé après les décrets Ferry) ; par la suite, l’école du Sacré Cœur, puis des Minimes ne rassemble que quelques dizaines d’élèves qui suivent pour la plupart les cours du collège. Les jeunes filles, quant à elles, n’ont longtemps disposé que de pensionnats de demoiselles : six, en 1869, dont deux tenus par des religieuses, les Dames de Saint-Maur et surtout les Dominicaines, installées en 1844 route de Paris. C’est en 1883 qu’est ouvert le collège public de jeunes filles, avec bientôt une centaine d’élèves ; il est installé en 1902 dans les nouveaux bâtiments de la rue de la Banque.
L’originalité de Chalon, ville de commerce et d’industrie, s’affirme dans l’intérêt porté de façon précoce à un enseignement non classique pour les meilleurs élèves du primaire. Dès 1820, en partie grâce au legs du peintre Jules Vanloo transmis par le maître de forges et député libéral de la Côte- d’Or Caumartin (mari d’une Chalonnaise), la municipalité Antoine Coste finance la création d’une école de dessin gratuite, « très avantageuse aux enfants de la classe ouvrière qui sont destinés à des professions mécaniques » ; elle accueille dès 1836, conformément à la loi Guizot, une école primaire supérieure ; installée d’abord porte de Beaune près de l’école mutuelle, elle obtient un certain succès ; elle est transférée en 1865 dans de nouveaux locaux plus vastes rue de Thiard : elle compte alors 104 élèves. Après une période de déclin, elle est rendue gratuite par le conseil municipal en 1885 et, sous l’impulsion de son directeur Edgar Paillard, elle devient en 1891 une école professionnelle comprenant deux sections, industrielle et commerciale. Bien adaptée aux besoins de l’économie locale, elle compte une quinzaine d’enseignants en 1914. Parallèlement, un cours complémen- taire pour jeunes filles est annexé à l’école primaire de la rue aux Fèvres, et prépare ses élèves à l’école normale ou aux professions de l’artisanat et du commerce. Des filières scolaires d’ascension sociale ont ainsi commencé à s’ouvrir à des enfants doués issus des milieux populaires.
Enfin des liens de plus en plus étroits se sont noués entre l’école publique et la société chalonnaise grâce à l’action des Amis de l’Instruction (1868) et de multiples associations d’anciens élèves.
Des sociétés savantes aux loisirs populaires
Comme les autres villes bourguignonnes, Chalon possédait au début du XIXe siècle une élite cultivée se recrutant surtout dans la noblesse et la bourgeoisie « d’Ancien Régime », mais aussi dans le clergé, les professions intellectuelles et une partie du négoce. Ce n’est cependant qu’en 1844 qu’est fondée, avec l’appui des députés Burignot de Varennes et Brunet-Denon, la Société historique et archéologique, dont le juge Léopold Niépce, l’avocat Batault, les négociants Jules Chevrier et François Chabas, célèbre égyptologue, figurent parmi les membres des plus éminents, et dont les volumes de Mémoires contribuent à faire connaître le passé préhistorique, gallo-romain, médiéval et moderne de Chalon et de sa région. À partir de
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