Page 127 - Histoire de Chalon-sur-Saône
P. 127

quatre de filles (carmélites, jacobines, ursulines, visitandines). Les carmes et les cordeliers s’étaient installés dès le Moyen Âge, les autres ordres étaient les fruits de la Contre-Réforme, les carmélites ayant succédé aux clarisses en 1610.
Valérie d’Élia nous informe sur les « contemplatives ». Elles ont solidement construit dans la première moitié du XVIe siècle. L’expérience Law les a partiellement ruinées, et il est probable que, par la suite, elles aient été victimes d’hommes d’affaires escrocs. Les ressources sont parfois médiocres. Mais, malgré les difficultés, aucun monastère n’a été contraint de fermer. Les ressources comprenaient les revenus de biens fonds souvent insuffisants, les constructions monastiques dont partie pouvait être louée, souvent de bonne qualité, les dots dont l’importance a varié selon les ordres. Au Carmel, elles s’élèvent, au cours des années 1705-1711 à des chiffres s’étageant entre 3 500 et 4 450 livres, moitié payées immédiatement, le reste sous forme de rente. S’ajoutent des fondations, des aumônes et des bienfaisances nobles, œuvres de cousins ou de frères des moniales. La famille du cardinal de Bissy soutient les visitandines, qui bénéficient également des hausses des loyers. Mademoiselle Montessus de Rully encourage les jacobines qui, au mitan du siècle, étaient tellement pauvres que l’Ordinaire leur avait interdit de recevoir des novices. Le Carmel reste toujours aisé.
En 1774, il y a 177 femmes « en religion ». Les « vêtures » de 1735 à 1789 s’établissent ainsi : visitandines 41, « de bonne famille » ; bénédictines 30, nobles ou grandes bourgeoises, la dernière abbesse étant une Saulx Tavannes ; carmélites 22, avec une échelle de vocations irrégulière, tant dans le nombre d’entrées en religion que par le milieu social, allant du maître chirurgien au cordonnier. La plupart des nonnes sont chalonnaises ou issues du diocèse. Les vocations familiales, d’aînée à cadette ou de tante à nièce sont assez fréquentes. L’âge des novices est varié. Les plus jeunes sont une carmélite de 16 ans 30 mois et une jacobine de 16 ans, la plus âgée, une visitandine de 60 ans...
Le Clergé, l’enseignement et l’assistance
Pour l’enseignement élémentaire, coexistaient des « maîtres de grammaire et d’écriture » formant corps depuis 1752, protégés par l’Hôtel de Ville et fournissant aux administrations et aux négociants des scribes compétents. En 1767, est créé un « Bureau d’Administration » doté de 1 200 livres. Parallèlement, pour les garçons, Madot essaya d’introduire les Frères des Écoles chrétiennes, mais il se heurta à la mauvaise volonté des échevins (1731) et c’est seulement peu avant la Révolution que Chilleau put installer des écoles tenues par « nos jeunes ecclésiastiques ». Existaient également des classes tenues par des particuliers, établies en marge de la réglementation et en conflits fréquents avec les « maîtres écrivains » et du côté religieux des « écoles de charité » fonctionnant grâce à des fondations particulières et des « écoles des paroisses » liées aux fabriques, qui existaient de longue date, mais qui n’ont laissé que peu de traces.
Pour les filles, à partir de 1701, se sont installées, deux, puis trois « filles de l’Enfant Jésus », dites « sœurs noires » soignantes mais tenant école gratuite
125
EUD Openbook
Tous droits réservés, utilisation dans un cadre scolaire et universitaire


































































































   125   126   127   128   129