Page 124 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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Les évêques
Chalon était cité épiscopale : le diocèse comprenait 230 cures, mais le prélat n’était collateur que d’une soixantaine. Son territoire s’étendait sur une partie du bailliage (car la Bresse louhannaise, dans sa majeure partie, dépendait de Besançon), mais s’étalait aux bords de la Saône jusque dans les environs de Dijon (Corcelles, Chenôve). Il était troisième suffragant de la métropole de Lyon, siégeait en seconde position dans la Chambre du Clergé aux États (chambre qu’il lui arriva de présider en cas d’indisponibilité de Monsieur d’Autun) « Comte de Chalon », il était seigneur direct de la moitié de la ville, entretenait un bailliage seigneurial, et portait les titres de « baron de La Salle, seigneur de Champforgeuil, de Fontaines et autres lieux ». L’abbé de Cîteaux qui résidait dans son diocèse devait lui prêter serment et il avait des droits sur l’abbaye de Tournus, quoique celle-ci fût en Mâconnais. Il était « conseiller d’honneur » au Parlement de Dijon.
Dépendaient de l’évêque une officialité, chargée de juger les causes ecclésiastiques, un « bureau diocésain » et une « recette particulière de la recette générale des décimes ». L’appel de ces instances se faisait à Lyon. L’évêque était, de loin, l’homme le plus riche de Chalon. En 1789, J.-B. du Chilleau recevait 49 346 L au titre de sa mense épiscopale, auxquelles s’ajoutaient (à titre personnel il est vrai) 28 000 livres d’abbayes en commende.
Au XVIIIe siècle, se sont succédé une série d’évêques d’un bon niveau spirituel et intellectuel. Ce sont, dans l’ordre, Henri-Félix de Tassy (1677- 1711), François de Madot (1711-1753), Henry de Rochefort d’Alby (1754- 1772), Joseph François d’Andigné de la Chaise (1772-1786), enfin Jean- Baptiste du Chilleau (1781-1790). Tassy, parisien, fils d’un chirurgien du Roi, d’origine avignonnaise, docteur en Sorbonne, évêque de Digne à seize ans, a laissé le souvenir d’un prélat actif, mais querelleur. On lui doit la création du séminaire, des aménagements à l’Hospice Saint Louis. Élu aux États, il fit édifier la levée entre Saint-Marcel et Chalon. Théologiquement, sans être nettement janséniste (il fut un des « qualificateurs » de l’Assemblée du Clergé qui condamna Quesnel), il était plutôt « tiers parti », s’était lié d’amitié avec Nicolas Petitpied et passait pour « n’être pas ami des Jésuites ». Comme beaucoup de prélats d’Ancien Régime, il exerçait la charité avec munificence et le manifesta en 1709. Il fut sans cesse en litiges avec le Chapitre, Cîteaux, certains curés (ce qui fut une règle en Bourgogne pendant tout le siècle). Hostile au quiétisme, il prit parti nettement par un mandement du 1er avril 1699.
Son successeur, François Madot, fils d’un premier président de Présidial, était protégé par Madame de Maintenon. Le 2 mai 1714, il publia la bulle « Unigenitus », et en 1716, il s’attira les foudres du Parlement de Dijon lorsqu’il voulut supprimer deux ouvrages hostiles à cette Bulle. La même année, il s’opposa aux curés à propos des statuts synodaux, et le 7 janvier 1719, une « pastorale » condamna les « appelants ». Luis aussi eut des difficultés avec la Mairie et les chevaliers de l’Arquebuse. Considéré comme « constitutionnaire », favorable à la « Constitution Unigenitus », antijanséniste, il favorisa l’introduction de la fête du Sacré Cœur chez les
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