Page 411 - La Bourgogne de Lamartine
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adhérents, dont plus de la moitié à Dijon. Ils étaient 1300 en 1920, mais presque tous, on l’a vu, ont rejoint dans un premier temps le parti communiste. Difficilement reconstituée, la fédération socialiste, dirigée par une équipe d’hommes nouveaux autour du professeur Robert Jardillier et du jeune négociant-viticulteur Jean Bouhey (fils d’un député d’avant 1914), a pratiqué à partir de 1924 une politique systématique de création de sections. Militants et sympathisants sont issus non seulement de la classe ouvrière, mais des classes moyennes (employés et petits fonctionnaires surtout) et même de la paysannerie. Robert Jardillier est ainsi parvenu à se faire élire député (1932) puis maire (1935) de Dijon, et Jean Bouhey à devenir député de Beaune en 1936. À cette date, la SFIO recueillait 30 % des voix et atteignait 3 600 adhérents. Le 1er janvier 1937, elle réussissait à lancer un quotidien, La Bourgogne républicaine. Ensuite, elle a connu le reflux, la scission (Lucien Hérard et le « parti socialiste ouvrier et paysan », pacifiste et révolutionnaire), puis l’effondrement en 1940 (Robert Jardillier a alors quitté Dijon pour n’y plus revenir).
Mais elle s’est reconstituée dans la Résistance : à la Libération, le commissaire de la République Jean Bouhey, Jean Mairey qui l’avait remplacé après sa grave blessure, le préfet Lhuillier, le maire de Dijon Georges Connes, le président du Comité départemental de Libération Claude Guyot étaient des socialistes. En octobre 1945, le parti atteignait le score très élevé de 34,6 % (plus de onze points au-dessus de sa moyenne nationale).
Cette victoire relative (car la droite restait majoritaire) est cependant restée sans lendemain. Devenue parti de gouvernement, engagée bientôt, sur une ligne défensive (contre le communisme et le gaullisme) dans une politique d’alliance avec le centre droit (la « troisième force »), la SFIO n’a pas retrouvé, et de loin, son attractivité des années 1930.Vers 1955, elle ne rassemblait plus guère qu’un demi-millier d’inscrits et, le 2 janvier 1956, 17,2 % du corps électoral (moins que le PCF). Au début de la cinquième République, elle a perdu son quotidien devenu journal d’information (Les Dépêches), et plafonne aux environs de 15 % des suffrages. À partir de 1960, elle est concurrencée sur sa gauche par le PSU, peu nombreux, mais influent parmi les intellectuels et les syndicalistes.
Comme celui, plus éphémère, du radicalisme, le redressement du socialisme côte- d’orien a été étroitement lié au regroupement anti-gaulliste des années 1960 autour de François Mitterrand, dont les partisans ont créé un club de la Convention des Institutions républicaines et contribué avec les radicaux et la SFIO à fonder la Fédération de la Gauche. En mars 1967, celle-ci l’a emporté nettement et définitivement sur le PC (24,6 % contre 17,8). À partir de 1971, le nouveau PS s’est implanté solidement, dans les classes moyennes salariées surtout (un millier de militants en 1977). Sa croissance a permis en 1979 la conquête de la majorité au conseil général, et en juin 1981, dans l’élan de la victoire présidentielle, celle de trois sièges de députés sur quatre.
Par la suite, la fédération a subi fortement les vicissitudes de la conjoncture nationale. Après la perte du conseil général dès 1982 et celle de deux villes de la banlieue dijonnaise en 1983, le scrutin proportionnel de mars 1986 ne laisse au PS que deux sièges sur cinq. Malgré un score très élevé au premier tour (40,2 %), il en va de
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