Page 20 - Histoire de Chalon-sur-Saône
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à la Saône divinisée et offerte, au Ier siècle de notre ère, par les habitants de Chalon. Pour la première fois, nous rencontrons, gravés dans la pierre, les noms antiques de Chalon, Cabilonnum et de la Saône, Souconna... (Fig. 4).
Du fait de leur situation géographique, la vallée de la Saône et notamment Chalon ont vu passer nombre d’armées. En 43, les troupes de l’empereur Claude, destinées à la conquête de la Bretagne et originaires de la frontière rhénane semblent avoir transité par Chalon. En 69, Vitellius, légat de Germanie Supérieure rejoint la Saône à Chalon et apprend la victoire de ses troupes avant d’atteindre Lyon. La découverte d’armes et notamment celle de riches poignards ornés d’incrustations d’émail et d’argent, apparemment perdues par ses soldats lors de la traversée du Doubs à Pontoux et de la Saône au nord de Chalon, semble témoigner d’accrochages survenus entre ses troupes et les milices gauloises hostiles à Vitellius. En 197, l’alerte paraît avoir été plus sérieuse à l’occasion de la guerre civile entre Albinus, légat de Bretagne, et Septime Sévère. De retour d’une campagne en Illyrie, ce dernier arrive à Chalon par Besançon avant d’emprunter la vallée de la Saône pour aller écraser son adversaire devant Lyon. Après la défaite et le suicide d’Albinus, la ville de Lyon est incendiée et partiellement détruite. Il semble que toute la vallée de la Saône ait pâti de ces troubles. La découverte, éparpillée autour de Chalon, de 6 lingots de plomb estampillés au nom de Septime Sévère et originaire des mines de Grande-Bretagne, a fait penser, à juste titre à L. Armand- Calliat (1936-37), que ces lingots avaient pu être dérobés à la faveur du pillage des entrepôts du port de Chalon avant d’être dispersés et enfouis. Les représailles qui suivirent la déroute d’Albinus expliqueraient qu’ils n’aient pas été récupérés. La découverte ancienne, en bordure de la Saône à Ouroux, d’au moins une tombe pouvant se rapporter à un soldat de l’armée de Septime Sévère va dans le même sens et confirme les répercussions chalonnaises des événements de l’année 197. Selon L. Armand-Calliat (1962), les blocs architecturaux retirés des fondations de la muraille du Bas-Empire à diverses reprises rue de Thiard, à hauteur de l’actuelle sous-préfecture, témoigneraient par leur style typiquement sévérien, d’une reconstruction datée du début du IIIe siècle. C’est à cette même période qu’il faut rattacher la construction du troisième pont romain de Chalon, construit au moins partiellement avec des éléments de remploi provenant de démolitions qui pourraient bien être imputables aux troubles de l’année 197.
Grâce au panégyrique de Constantin, nous savons que cet empereur qui avait fait de Trèves sa capitale a embarqué ses troupes au port de Chalon en 310, afin de leur faire descendre la Saône et le Rhône et mettre le siège devant Marseille où s’était réfugié Maximien en révolte contre l’autorité impériale.
Parti d’Arles en 354, Constance prépare une campagne contre les Alamans. Du fait des carences de l’intendance, il parvient difficilement à rassembler ses troupes à Chalon, avant de les emmener sur le Rhin (Amnien Marcellin XLV, X, 1-9). Vers 425, la Notitia Dignitatum, liste officielle des autorités civiles et militaires de l’Empire, situe à Chalon le siège du « préfet de la flotte militaire de la Saône ».
Fig. 4 – Socle de la statue dédiée à la déesse Saône (Souconna), par les Chalonnais. Trouvé rue du Change en 1912.
© Cliché Musée Denon, Musée archéologique Denon
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